L’expression « être la bête noire » est composée de deux éléments générateurs de clichés : la bête et la couleur noire. « Bête » est un terme générique qui peut prendre un sens péjoratif. Il semble qu’au 18e siècle, on disait « être la bête » ou « avoir la bête » pour traduire que l’on était détesté par quelqu’un. Au fil du temps, l’adjectif noir s’y est ajouté (probablement au 19e siècle). Dan son sens premier, « bête » désigne les êtres appartenant au règne animal en excluant l’homme. Dans notre imaginaire, cette bête s’est chargée de crainte et d’épouvante. La bête, c’est le monstre, le diable, l’animal féroce, l’animal que l’on chasse. Il arrive que l’on emploie ce mot sur un ton plus doux pour désigner les petites bêtes (du bon Dieu, telles que les coccinelles). Cet usage revient aussi aux animaux de ferme et d’élevage pour lequel il se décline autrement : « Les bêtes » incluent alors tous les individus d’espèces différentes, ou bien une certaine familiarité laissant penser que l’on serait proche de ces animaux. En réalité, ce terme est ambigu. Par ailleurs, ne dit-on pas : « Quelle est cette bête ? » pour désigner une chose que l’on arrive pas à identifier ? La bête, cette créature non identifiée, au fond, on ne sait pas vraiment qui elle est. Elle garde son mystère pour nous.
Dans l’expression « bête noire », le mot bête traduit toujours l’idée d’un danger, de quelque chose qu’on aurait envie d’éloigner, dont on voudrait se débarrasser au plus vite. À cette signification s’ajoute celle de la couleur noire.
Le noir, c’est la couleur de l’obscurité. Certains diront que ce n’est pas une couleur. Le livre des symboles nous apprend d’abord que le noir est assimilé à l’inconscient, d’où jaillissent la pensée ainsi que l’invention. L’obscurité est notre origine (dans le taoïsme, le Yin est la matrice, l’héritage ancestral et correspond à la couleur noire). Le noir, c’est la décomposition, mais aussi la terre fertile d’où jaillit la vie. En astronomie, on parle désormais « de la matière noire » et de « l’énergie noire » qui composeraient le cosmos. Pourtant l’obscurité nous parvient comme fixe et insondable, au contraire de la lumière qui révèle toute chose. L’obscurité efface les contours et engloutit. Elle nous fait peur. Culturellement, dans notre imaginaire humain, nous avons attribué à ce monde des ténèbres, de l’effacement et de l’absence, les notions de vide, de perte, de mort, de folie et de dépression (là où on s’enfonce), ainsi que le péché et le mal. Là où il n’y a pas de lumière, nous imaginons des choses mauvaises, malignes au sens premier du terme. Cependant, la religion et la philosophie conçoivent que de l’obscurité peut jaillir la lumière, c’est à dire qu’on ne peut pas atteindre l’éveil sans plonger dans l’obscurité, en éteignant les présomptions de la raison et de la connaissance. Alors l’obscurité devient le lieu de l’initiation : la forêt, le puits, les salles obscures (théâtres, temples), le rêve également. Le noir est le lieu de la transformation et de l’inspiration, de la guérison et de la naissance.
Chez les animaux, le mélanisme est un excès de production de mélanine, pigment de couleur noire, d’origine génétique. Le mélanisme existe chez les mammifères, ainsi que chez les reptiles et les insectes. Chez certaines espèces, c’est un phénomène fréquent (félins, canidés, genettes et belettes), plus rarement chez d’autres espèces (daims, écureuils etc.) La panthère noire est en fait un léopard noir et non pas une espèce à part. Ce trait se retrouve plus fréquemment chez les animaux domestiques ou maintenus en captivité, car l’homme a sélectionné les animaux noirs pour son propre usage (chevaux noirs par exemple). Dans la nature, le mélanisme résulte de l’adaptation des espèces notamment pour capter le rayonnement solaire (dans les régions froides) ou pour se rendre moins visibles (chez les serpents ou les papillons).
L’expression « bête noire » ne contient pas de notion de transformation. La couleur noire ajoute un aspect démoniaque et renforce la teneur péjorative du terme « bête ». Cette expression est la plus part du temps attribuée aux êtres humains. Lorsqu’on devient la bête noire de quelqu’un, le sentiment de rejet et le risque de harcèlement ne sont pas loin.
Il s’agit dans cet article des animaux qui sont depuis des siècles les « bêtes noires » des êtres humains au sens quasi littéral. Ceux à qui leur mauvaise réputation a valu l’aversion et la persécution. Les animaux noirs les plus familiers sont le chat, le corbeau (et la corneille) et le mouton. Il en existe d’autres qui, lorsqu’ils adoptent cette couleur, se drapent à nos yeux d’une aura inquiétante ou négative. Nous verrons aussi que sans être noirs d’autres animaux sont pour autant devenus nos « bêtes noires », car nous les estimons nuisibles.
Le chat rassemble deux natures, un côté sauvage et un coté domestique. Il cohabite avec nous, nous poussant à aménager notre lieu de vie pour lui. Le chat est curieux et cette curiosité le mène parfois dans des situations difficiles, voire dangereuses. Simultanément, c’est un prédateur né, capable de saisir sa proie en un instant pour la ramener au sol avec une précision et une rapidité fulgurantes. Son aura énigmatique fait que l’être humain lui a attribué toutes sortes de pouvoir, et dans la mythologie, il préside aux rites et aux cérémonies. Nous avons projeté sur lui des qualités positives et négatives. Protecteur des lieux de culte, à la fois symboliquement et concrètement (il chasse les souris qui grignotent les livres sacrés), compagnon discret des lieux de recueil. Dans l’iconographie chrétienne et en Egypte à l’époque des pharaons, le chat joue le rôle de psychopompe : il est chargé de conduire et d’introduire l’âme d’un défunt au ciel.
D’où vient sa mauvaise réputation ? Il est souvent vu comme un être cruel (envers ses proies) et indifférent (souvent par opposition au chien fidèle). Il est assimilé au pouvoir subversif du diable, aux femmes qui ne suivent pas les conventions (on leur attribue sa nature féline). En outre, les comportements lubriques des femelles, les cris des chats mâles qui se battent sauvagement, rappelant le vagissement d’un nouveau-né, ont fait que nous lui avons collé des attributs démoniaques, faisant de lui un voleur de l’âme des morts, le compagnon des sorcières, surtout quand il est noir. Pour ces raisons, les chats ont été persécutés de façon frénétique. Pourtant, le chat inspire l’énergie créative. En l’observant, nous pouvons beaucoup apprendre, notamment par ses capacités d’orientation et d’occupation de l’espace, « ici et maintenant ». Le chat nous invite à visiter notre monde intérieur. Il s’avère que les chats noirs sont les moins adoptés dans les refuges. Pour briser cette mauvaise réputation, la journée internationale du chat noir a été créée le 17 août.
Remarquons au passage que dans une moindre mesure, le chien noir peut aussi subir une mauvaise réputation. En Angleterre et au Pays de Galle, dans le langage, il est associé à la dépression. Les chiens noirs maléfiques des légendes anglo-saxonnes sont souvent annonciateurs de la mort, notamment lorsqu’ils sont « vus » à proximité d’une église. Les « chiens fantômes » sont représentés comme étant massifs avec une gueule puissante et menaçante, des yeux rouges contenant des flammes. Il persisterait dans ce cliché la mémoire collective de décès soudains survenus au cours d’orages violents. Dans les légendes et même dans les histoires plus récentes, les chiens noirs hantent les ruelles, les voies ferrées, les carrefours, les vieux cimetières et les sites très anciens. Ces lieux sont associés à des superstitions et aux phénomènes étranges. Ce sont des lieux liminaires où le voile entre les mondes est ressenti comme très fin. Le chien noir représenterait une certaine forme d’énergie ou de phénomènes naturels modelés par l’esprit humain en un archétype.
Le corbeau (ou la corneille) tout comme le chat a été stigmatisé à cause de son apparence et de son comportement. Même s’il anime nos parcs et nos jardins, le corbeau se retire dans des lieux qu’il occupe en bande et bruyamment, car il est très sociable. Ses croassements rauques et aigus peuvent être perçus comme dérangeants voire néfastes. Cette présence envahissante et téméraire inquiète l’être humain qui a vite fait de l’interpréter comme provocante. À cela s’ajoute la rancune tenace envers un oiseau considéré comme nuisible, car il s’en prend à nos cultures. À présent l’éthologie démontre que les corvidés sont intelligents et dotés de capacités cognitives remarquables. Ce sont des oiseaux opportunistes, qui cherchent et trouvent, avec leur bec robuste, savent fabriquer des outils, et possèdent un langage complexe. Leur mauvaise réputation tient au fait qu’ils se nourrissent des cadavres, y compris humains, dont ils arrachent les yeux (d’où l’expression « gibier de potence »). Le corbeau s’attaque aux autres oiseaux dont il peut piller le nid. Cependant, il joue le rôle d’avertisseur en criant bruyamment quand un danger se manifeste. Il déterre les semences dans les jardins et les champs cultivés, mais il se nourrit aussi des hannetons dont la larve dévore les racines. La présence ambigüe de ces oiseaux qui peuplent nos villes et nos campagnes provient de leur témérité et de leur persistance à vivre à nos côtés, à leur familiarité, et parallèlement à leur présence dans nos cultures. Dans notre imaginaire, ils sont les compagnons des magiciens, des chamans et des héros de contes populaires en raison de cette « double personnalité ». Pour les comprendre et les aimer, nous devons sortir de notre coquille (chez les amérindiens, le corbeau est un chaman qui fait sortir l’humanité d’un coquillage). Cependant, par sa couleur, le corbeau représente pour nous la mortification. Et malgré les capacités divinatoires qu’on lui a prêtées, car il est un médiateur vers d’autres niveaux de conscience, il préserve une aura de morbidité.
Le troisième animal qui subit une réputation particulière en raison de sa couleur noire est le mouton. Le mouton est un animal sociable qui apprécie le confort et la compagnie du troupeau. Il n’y a qu’à voir ceux qui vivent dans la prairie. Ils sont toujours ensemble, pour brouter, pour faire la sieste à l’ombre d’un arbre, pour dormir. Sa réputation de passivité et d’obéissance aveugle vient du fait qu’il est facile à mener en groupe. Nous considérons comme négatif le fait qu’il soit dépendant du troupeau pour survivre, et qu’il ne soit pas autonome. Cependant, c’est cet instinct du collectif qui lui permet de survivre, ce que certains appellent « la guidance presciente » du collectif essentiel à la survie. Le mouton est aussi affublé d’une tendance à l’oisiveté. Néanmoins, la tranquillité du mouton évoque un monde idyllique et pastoral, baigné d’innocence par la présence des agneaux. Nous, êtres humains, avons imaginé qu’il fallait sacrifier cette innocence pour mettre un terme symbolique à la naïveté qui fragilise, ou pour laver nos péchés. Depuis des siècles, les agneaux sont sacrifiés sur nos autels. À coté de cela, le bélier est signe de lumière, de chaleur, de force et de compétition. À la saison des amours, les béliers se battent rudement : ils s’accrochent par les cornes, se dressent et se jettent l’un contre l’autre en se heurtant de leurs cornes à grands fracas. De là provient la symbolique guerrière du bélier, et celle de force vitale et d’audace.
En quoi le mouton noir dépareille-t-il ? Dans notre imaginaire, le mouton est auréolé de sa toison blanche qui évoque la pureté, la douceur et le renouveau de la nature. Dans la mythologie, le bélier porte la toison d’or, objet convoité, difficile à trouver qui pousse à la quête initiatique. Chez le mouton, le gène qui produit la blancheur et empêche la coloration est prédominant. Les moutons noirs sont donc issus d’un gène dit « récessif ». La proportion de moutons noirs par rapport aux blancs est à l’origine du sens péjoratif de l’expression « mouton noir ». Le mouton noir contraste. Il se distingue des autres. Il est celui qui dérange parce qu’il rompt un système de normes. À l’origine, l’expression « mouton noir » stigmatisait les personnes en raison de leur origine ethnique, par extension de leur appartenance religieuse, puis elle s’est élargie à la famille, à la classe sociale, à la profession, aux caractéristiques personnelles. Il y a toujours dans cette expression l’idée que la personne n’est pas assimilée par le groupe dominant qui peut la tolérer en marge ou la rejeter. Il n’y a qu’un pas à franchir pour que ce « mouton noir » devienne le « bouc émissaire » ou la « brebis galeuse ».
Nous avons vu les trois animaux les plus connus dont la couleur noire a suscité une réputation inquiétante ou dévalorisante. Je parlerai brièvement du taureau de corrida (souvent noir mais pas toujours) : s’il suggère la fascination en tant qu’animal de combat, il connaît un sort tragique en raison même de ce que l’homme a projeté sur lui. Issu d’une espèce particulière le bos taurus ibericus originaire d’Espagne, il est appelé « taureau brave ». Selon les éleveurs, les caractéristiques de ces taureaux en font des animaux de combat. Tous les taureaux de cette espèces ne sont pas destinés à la corrida. Certains sont sélectionnés en fonction de critères de morphologie et de « qualités psychiques ». Les torillons sont testés à l’âge de 2 ans au cours de l’épreuve de la pique (une hampe terminée par une pointe d’acier manipulée par le picador à cheval). Les jeunes taureaux qui déçoivent à cette épreuve sont envoyés à l’abattoir. Le taureau brave est ensuite préparée à la représentation ultime, la corrida, au cours de laquelle il mourra le plus souvent, transpercé et inondé de son propre sang.
Nous voyons à travers ses différents exemples que ce sont les êtres humains qui ont attribué à ces animaux une dimension diabolique, une mauvaise réputation ou une réputation le destinant à une tradition mortelle. Hélas, cette réputation détermine le sort fait à ces animaux. Il a été question jusque là des animaux de couleur noire, mais d’autres qui ne sont pas noirs peuvent entrer dans la catégorie de nos « bêtes noires ».
Nous les avons étiquetés « nuisibles », comme le renard et le blaireau. Le renard était craint autrefois parce qu’il portait la rage. De nos jours, on constate qu’il peut nous protéger de la maladie de Lyme. Le blaireau que l’on accuse de piller les cultures et de détruire les axes d’eau est un animal qui mène une vie précaire. Il perd la moitié de ses petits lors de leur première année de vie. En réalité, il est très facile à tenir à distance avec des moyens de dissuasion simples et non létaux. Tous deux sont chassés de façon très cruelle : la vénerie sous terre consiste à les acculer terrorisés dans leurs terriers et à les en extirper brutalement avec des pinces, puis à les tuer sur place, y compris les plus jeunes. Même s’ils ne sont pas tués, sans leur mère, ceux-ci sont condamnés à dépérir.
Maintenant parlons d’un animal auquel on ne pense pas, en tout cas, pas comme un être vivant comme les autres : on le cache et on le réduit à néant. Individuellement, il n’a pas d’existence à nos yeux, et nous pouvons continuer à l’exploiter sans scrupules. Selon Isabelle Sorente, auteure de 180 jours, il est bien une « bête noire ». Dans ce roman, le héros a subi du harcèlement scolaire quand il était enfant. Il a été la « bête noire » des autres enfants. En découvrant l’univers de l’élevage intensif, il est touché à un point qu’il n’imaginait pas. Dans Docteur Rat de William Kotzwinkle, il est une « une espèce d’être » qui se demande s’il existe vraiment. Jean-Baptiste Del Amo le décrit dans Règne animal comme un « phénix vulgaire« , puis « une bête rampante et innommée, jaillie de mythologies et de légendes« . Ces romanciers ont choisi de parler de lui et de sa place dans notre société. Il appartient au monde des ténèbres en tant que reclus derrière les murs des élevages, réduit à n’être qu’un pur produit de consommation.
Qui est-il ? C’est le cochon. Comment en est-il arrivé là ? Le cochon a la réputation d’être sale parce qu’il enduit son corps de boue pour se protéger du soleil et des insectes. En effet, il n’a pas de fourrure. On méprise aussi sa façon de se nourrir : il peut manger toutes sortes de choses dont des déchets et même des cadavres. Il fouille la nourriture de son groin, mastique bruyamment et précipitamment. De là sont venus les expressions « manger comme un cochon » et « se groinfrer ». On lui a aussi attribué des intentions de luxure, et c’est ainsi qu’un homme libidineux est appelé « un porc ». Il suscite de la méfiance parce qu’il peut se montrer agressif. Cette agressivité joue un rôle important dans la vie sociale du cochon. Il reproduit ce comportement dominant/dominé avec l’être humain. Cette agressivité augmente lorsqu’il est placé dans un endroit exigu et lorsqu’il s’ennuie. Une fois la hiérarchie établie, il vit paisiblement et peut même devenir un compagnon affectueux. Le cochon est un animal intelligent, très sensible, par exemple il est capable de comprendre que ce qu’il voit dans un miroir est un reflet. Il peut souffrir de dépression. Or, ce qui l’a emporté de tout temps est que « dans le cochon tout est bon » pour notre alimentation.
Ainsi, la « bête noire » est l’être dont il faut se méfier. Si vous êtes la « bête noire » de quelqu’un, c’est sans doute que vous lui faîtes peur pour des raisons plus ou moins obscures. Depuis très longtemps, les animaux sont nos « bêtes noires », pour certains parce qu’ils sont noirs, pour d’autres qui ne sont pas noirs, en raison de la peur qu’ils nous inspirent (les araignées ont leur place dans cette liste). Certains, par leur présence sur notre territoire, nous dérangent parce qu’on les considère comme nuisibles. D’autre n’existent pas autrement que pour notre consommation. Il y a fréquemment une notion de peur, de dégoût ou de mépris dans la réputation que nous entretenons à leur sujet. Pourtant, le danger ici est bien plus important pour l’animal en question que pour nous-même. Tous ces animaux ne méritent-ils pas que nous inversions la tendance en les redécouvrant et en mettant en valeur leur influence bénéfique ? Ne méritent-ils pas que nous apprenions à cohabiter avec eux avec notre coeur et notre intelligence ?
Bibliographie :
CRNTL, Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales.
Le grand Livre des symboles, édition Taschen, 2011.
Encyclopédie des oiseaux, Jan Anzàk, éditions Gründ.
Le taureau de combat, thèse de doctorat, université de Toulouse, Bernard Pucheu, 2001.
180 jours, Isabelle Sorente, éditions JC Lattes, 2013.
Règne animal, Jean-Baptiste Del Amo, éditions Gallimard, 2018.
Docteur Rat, William Kotzwinkle, éditions Cambourakis, 2017.
www.mysteriousbritain.co.uk/folklore/phantom-black-dogs
www.pressreader.com/canada/mon-quotidien
www.fr.wikipedia.org